Suite de la partie 1 (« Un changement de dimension »)
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Pour comprendre pourquoi JMJ plait autant, le mieux reste avant tout d’écouter ceux qui l’apprécient. Ce commentaire d’un internaute, posté au printemps sur le site de la Fondation Good Planet de Yann Arthus-Bertrand, résume très bien les avis de ceux qui le suivent :
1- « Me considérant comme jeune (17 ans), et suivant Jancovici depuis presque un an, je pense que ses propos sont étonnamment simples considérant l’immense complexité du sujet qui lui est dû d’aborder. J’ai visionné l’intégralité de ses cours à MineParisTech ainsi que certaines de ses conférences, et son don pour la pédagogie est remarquable ».
2- « J’ai pu comprendre davantage de choses sur le problème climatique que lors de tous les cours auxquelles j’ai pu assister au lycée sur ce sujet ».
3- « Pour une fois, la question est traitée sans langue de bois ».
4- « Quoi qu’on dise de ses opinions, on ne peut pas nier qu’il a une certaine expertise sur le sujet ».
5- « Surtout, la question est traitée dans son ensemble, ce qui nous permet d’y voir plus clair quant à la réalité de la situation ».
6- « Cela nous donne certes l’impression qu’on fonce droit dans le mur, mais au moins on nous retire le cache yeux qu’on avait jusqu’alors : on réalise que l’on s’y dirige, et nous apprenons des manières d’appuyer sur la pédale de frein, notamment à travers des solutions très concrètes comme celles qu’il propose à TheShiftProject ».
7- « Il est clair que c’est un peu démoralisant, mais les rapports du GIEC le sont aussi, et comme dit Jancovici, « l’ignorance n’est pas police d’assurance». Personnellement, son travail me donne infiniment plus l’envie d’agir que les discours des politiques approximatifs, les cours de lycée ou les publications de Greenpeace ».
8- « Enfin, à l’inverse de certains collapsologues qui disent que de toutes manières « tout est foutu », le discours de Jancovici nous fait réaliser que même si nous venions à ne pas atteindre les 2°C, ce qui n’est évidemment pas souhaitable, 3°C sera toujours mieux que 4°C, et 4°C sera toujours mieux que 5°C, donc il n’y a aucune raison pour arrêter le combat ».
Ces huit points récapitulent à eux seuls la quasi-totalité des raisons pour lesquelles JMJ connaît aujourd’hui un tel succès.
Provoc’ et formules chocs comme marque de fabrique
Son franc-parler et son « discours de vérité », en particulier, reviennent fréquemment lorsque l’on interroge ceux qui l’apprécient, comme cet internaute qui loue « son message clair, direct, fondé sur la science et non édulcoré en fonction de son audience ».
JMJ est adepte de points de vue tranchés et provocants qui font le délice de son public – de même que son goût pour les formules chocs. « De Daech à la COP21 » avait-il intitulé l’une de ses conférences. « Parler au pouvoir politique de décroissance c’est comme lui parler de Voldemort : ça le glace d’effroi » disait-il ailleurs. Les exemples sont multiples ; c’est même sa marque de fabrique, qui le distingue des déclarations souvent mesurées et nuancées des scientifiques (du moins dans la forme). Ces derniers, dès lors, n’attirent logiquement pas autant d’audience – ce qui n’est certes pas leur objectif premier, mais ce qui ne va pas sans poser certaines questions importantes. J’y reviendrai.
Le penchant de JMJ pour la provocation le conduit à aller jusqu’à dire que « Fukushima aura surtout été un problème médiatique majeur, avant d’être un désastre sanitaire ou environnemental majeur » ; ou bien que « du point de vue des écosystèmes, et ce n’est pas du tout de l’ironie, un accident de centrale est une excellente nouvelle, car cela crée instantanément une réserve naturelle parfaite » (opinion éloignée des travaux scientifiques sur le sujet, qui sont, eux, extrêmement mesurés). Là encore, ce n’est qu’un échantillon. Pour les médias avide de propos tranchants, JMJ est un très bon client : aucun autre invité capable de parler (sérieusement) de climat ne peut rivaliser avec lui sur ce terrain oratoire. Il est d’ailleurs assez rare de voir un interlocuteur l’affronter ou venir le contredire en direct.
Une bête médiatique unique dans le paysage des questions climatiques
C’est pourtant peu ou prou ce qui s’est produit il y a un an, dans une interview sur France Culture devenue culte parmi les suiveurs de JMJ, avec le journaliste Guillaume Erner dans la position du contradicteur. Durant 40 mn, c’est un drôle de match auquel assistent alors les auditeurs, avec un invité, JMJ, manifestement de mauvaise humeur et bien décidé à ne rien laisser passer à son intervieweur, Guillaume Erner, qui, lui, garde son sourire mais sera ensuite fortement critiqué pour ses questions orientées (…voir les commentaires violents sous la vidéo).
Cette séquence de 40 mn, qui a suscité des réactions d’auditeurs nombreuses et très divisées, est emblématique des atouts et travers de JMJ : on y retrouve, pêle-mêle, sa critique sévère contre une partie du monde médiatique ; une dose d’arrogance peu courante pour un invité dans ce genre d’interviews ; une maîtrise du sujet qui tranche avec la tentative de l’intervieweur d’être au niveau sur des questions complexes ; etc.
L’interview fera naître, par la suite, différents montages humoristiques postés sur la page « Jancovici memes ».


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Comme le dit un internaute sur Facebook, « Jancovici a le mérite d’être une bête médiatique : il sait attirer l’attention du public, tenir tête aux journalistes et à ses contradicteurs dans le format très contraint des émissions de tv et de radios ».
Il n’est pas surprenant, dès lors, qu’il connaisse aussi du succès sur Linkedin où ses milliers d’abonnés retrouvent son goût pour les formules, comme récemment ici, où il soulignait l’absurdité de l’annonce de l’UE de viser le « zéro pollution » dans l’industrie chimique : « Au fond il n’est pas étonnant que nombre de politiques publiques aient du mal à s’incarner : elles ambitionnent de passer d’un excès (la situation actuelle) à une illusion (un monde sans trace d’activité humaine) ». C’est dit clairement – et il faut reconnaître que c’est très juste.
Depuis peu, c’est aussi sur Linkedin qu’il vient commenter sous les posts de nos dirigeants politiques, réalisant à chaque fois un certain buzz, comme ici, ici et ici où il attaque crûment Emmanuel Macron, avec son style habituel (« j’ose l’affirmer, pour le moment ni vous ni votre équipe ne comprend le problème à traiter » ; « si vous étiez sérieux, la première chose que vous imposeriez à votre gouvernement serait donc un cours » ; « vous avez rappelé qu’il fallait « écouter les scientifiques » en matière de santé : je vous suggère de faire pareil pour la physique. Le pays vous en sera reconnaissant »), ou encore ici où il tutoie Edouard Philippe. Il y a peu, il répondait même à Bill Gates.

Le Fillon du climat ?
Inspirons-nous de JMJ en tentant la formule-choc. Jancovici, le Fillon du climat : pourquoi cette comparaison provocante ? Parce que celle-ci résume en partie son positionnement. A la manière du candidat de 2017, qui mettait un point d’honneur à tenir un « discours de vérité » sur ce qu’il considérait être le problème économique majeur – la dette publique – en demandant de s’y attaquer radicalement sans trembler, quitte à faire subir du sang et des larmes, JMJ tient un discours similaire sur le plan du climat. Il n’hésite pas, lors d’une émission sur le « monde d’après » en prime time sur France 2, à rappeler par exemple qu’il faudrait l’équivalent « d’un covid supplémentaire tous les ans » pour aboutir à -5 à -10% d’émissions de CO2 chaque année – c’est-à-dire le niveau nécessaire pour rester dans les clous de l’accord de Paris.
Il est lui aussi coutumier de prises de position peu politiquement correctes où il n’hésite pas à appuyer là où cela fait mal, comme ici dans L’Express : « il est tout à fait impossible de concilier trajectoire 2°C et hausse du pouvoir d’achat » – un point de vue à rebours de la quasi-totalité des discours politiques actuels. On peut l’entendre dire, de même, que « dans un monde en décroissance, les classes moyennes vont devoir accepter que leurs revenus décroissent aussi ».
Il fait peu de doutes que le passage du discours aux actes, façon Thatcher du climat, serait violent. JMJ rétorque à cela que le coût de l’inaction (ou d’une action trop modérée) serait, à moyen et long terme, bien plus violent encore, voire à court terme si l’approvisionnement en pétrole se contracte sévèrement.
Face à ce diagnostic, selon lequel il n’existe aucune issue sans souffrances, la popularité de JMJ est instructive. Elle nous enseigne, à l’heure où l’on entend parfois que la réalité climatique serait trop anxiogène à présenter, qu’une frange de la population peut être réceptive à un discours de vérité, sans fausses promesses ni fausses solutions, à partir du moment où on lui explique les données du problème avec pédagogie. Ce discours s’éloigne nettement de l’idée d’une transition écologique douce et heureuse permise principalement par les énergies renouvelables et/ou le progrès technologique, ce qui est, à peu de choses près, ce qui est aujourd’hui proposé par les différents partis politiques.
A quelle proportion de la population peut-on évaluer cette frange ? Difficile à dire. Il est évident que les suiveurs de JMJ sont probablement peu représentatifs de la population dans son ensemble ; il est plus facile, en particulier, de s’entendre dire que ses revenus doivent baisser lorsque l’on n’est pas dans le besoin.
Mais l’exemple de la Convention Citoyenne pour le Climat, où 150 citoyens particulièrement représentatifs de la population avaient été tirés au sort, s’est avéré révélateur : après avoir découvert, pour la majorité d’entre eux, l’ampleur du problème climatique lors des sessions de formation accélérée, l’écrasante majorité d’entre eux s’est prononcé pour un panel de mesures ambitieuses – certes peut-être pas aussi radicales que ne le proposerait JMJ, mais suffisamment fortes pour s’attirer des critiques sur leur supposée porosité aux discours des activistes climatiques.
« La convention le montre : ce qui clive le plus la société devient plutôt consensuel dès qu’on se donne la peine de le discuter sur une base factuelle, et sans a priori » écrivait à ce propos le journaliste Stéphane Foucart dans Le Monde.
Et d’ajouter : « en termes d’information, ce qui s’est produit dans ce cénacle est, en miniature, ce qui devrait plus ou moins se produire dans la société si [le débat public] fonctionnait idéalement ».
Or en la matière, s’il est préférable de ne pas prendre tous les propos de JMJ au pied de la lettre (voir partie 3), il lui faut reconnaître une capacité rare, si ce n’est unique, à faire comprendre les enjeux climatiques à des publics divers – et notamment à certaines franges de la population d’ordinaire moins réceptives aux discours écologistes.
Ce qu’il apporte d’inédit
La particularité de Jean-Marc Jancovici par rapport aux autres personnalités de l’écologie est sa capacité inédite à convaincre des personnes habituellement plutôt réfractaires aux discours écologistes traditionnels, ou qui en sont éloignées. Je pense notamment ici à des individus issus de milieux plutôt libéraux économiquement, et plutôt de droite ou centristes politiquement – c’est-à-dire loin de l’écologie politique et associative, qui s’est très majoritairement construite jusqu’ici sur des bases critiques du libéralisme et à gauche de l’échiquier politique.
« JMJ a une très bonne image parmi les sceptiques parce qu’il a été une des premières personnes à faire rentrer l’écologie rationnelle dans le champ médiatique en France dans les années 2000 » commentait à ce sujet un internaute sur un groupe privé il y a quelques semaines. Son statut de polytechnicien a certainement aidé aussi dans l’écoute qui lui portent un certain nombre de dirigeants économiques (« ceux-là apprécient le fait que Jancovici soit l’un des leurs » écrivait Libération dans un portrait de 2009).
Avec « rationnel », l’autre mot qui revient le plus à son sujet est celui de « pragmatisme » – un terme que l’on retrouve le plus fréquemment dans le champ lexical des défenseurs du libéralisme économique.
« C’est précisément parce que le Shift est pragmatique, c’est-à-dire essaie de faire avec les entreprises, et plus généralement, avec le capitalisme néolibéral qui fait partie de l’état de fait, et non contre, que j’ai rejoint l’association », commentait un bénévole du Shift Project sur le forum de l’association. « Si par notre action, notre capitalisme devient un peu moins néo et un peu plus durable, je crois qu’on en sera tous ravi » ajoutait-il. Et effectivement, à la différence d’une partie de la gauche et des écologistes (dont Yannick Jadot, qui déclarait l’an dernier être « anticapitaliste »…!), JMJ assume clairement être pour le capitalisme, comme il le disait dans un live Facebook d’il y a quelques mois.
Un autre bénévole du Shift abondait dans le même sens : « Je me suis intéressé au discours de JMJ et au Shift parce que justement, contrairement à d’autres associations comme Extinction Rebellion, on n’y tient pas un discours sur « les pires multinationales de la planète », et parce que cette diabolisation des multinationales, comme certains diabolisent le nucléaire, est au contraire contre-productive dans le but de lutter contre le réchauffement climatique ».
Il est d’ailleurs intéressant de noter que ses prises de positions sont fréquemment partagées par des personnalités très libérales et souvent classées à droite.
Etonnamment, ces personnalités semblent ne pas lui tenir rigueur (ou ne pas être au courant ?) de ses positions pro-planification (« la planification ne nous a pas si mal réussi, quand même », « il faut plus administrer l’économie et plus la planifier ») et pro-décroissance.
En réalité, bien souvent – ou plutôt quasiment toujours – ces soutiens se manifestent uniquement pour partager les positions pro-nucléaire de JMJ, et non ses autres opinions. On le constate par exemple chez Dominique Reynié (directeur général de la Fondapol, think tank libéral classé à droite), qui voit dans les propos pro-nucléaires de JMJ une « écologie véritable, sans idéologie » ; chez Olivier Babeau (président de l’Institut Sapiens, libéral revendiqué et chroniqueur régulier au Figaro), qui, parle d’une « vérité qui dérange » et dénonce « l’écologisme anti-Lumières » ; chez le général Christian Houdet, conseiller régional RN en Nouvelle-Aquitaine, qui voit en JMJ « « le » scientifique écologiste qu’il faut écouter et lire » ; et chez bien d’autres individus manifestement très remontés qui, pêle-mêle, critiquent « l’idéologie dogmatique gauchiste qui se met des œillères », louent « l’écologie scientifique versus l’écologie idéologique », pointent du doigt « les slogans débiles qui servent de programme à certains écolos sectaires », etc.
Évidemment, nul n’est responsable de ses soutiens – sans compter que les positions pro-nucléaires de JMJ sont également soutenues par des personnalités et citoyens qui ne se reconnaissent pas spécialement dans les étiquettes citées ci-dessus. Politiquement, JMJ est du reste difficilement rangeable dans une case, lui qui disait en 2009 avoir voté, par défaut, Mitterrand en 1981, Chirac en 2002, Huchon aux régionales de 2004 ou encore Sarkozy en 2007 – un « en même temps » avant l’heure.
Néanmoins on constate qu’il n’est pas toujours tendre envers les « bobos de gauche bien-pensants » comme il les appelle ainsi dans son cours aux Mines ParisTech, en réponses aux questions de ses étudiants (cours 6, page 108). On est moins étonné, dès lors, quand il se met à attaquer France Inter en souhaitant « un meilleur usage de [ses] impôts » suite à des chroniques qui l’ont manifestement énervé, ou quand il dénonce, dans son cours aux Mines, les émissions comme « « Complément d’enquête » ou « Investigation spéciale » (sic), etc., sur France 2 ou sur France 3 » : « ça n’est que de l’instruction à charge » tranche-t-il ; ou encore, quand il déclare, toujours dans le même cours, que « l’anti-nucléarisme est essentiellement le fait des médias de service public, ou qui se considèrent comme tel ».
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que se manifestent parfois les réactions suivantes, illustrées dans ce montage assez drôle (vu sur le groupe NdJanco) :

Le nucléaire comme appât
Heureusement, il n’en va pas toujours comme décrit sur cette image. La force de JMJ est de parvenir à « agripper » des pans entiers de citoyens non-sensibilisés aux questions écologiques, qui le découvrent via ses prises de positions par exemple pro-nucléaires, puis qui déroulent le fil en allant regarder le reste de ses démonstrations. De cette façon, ils se forment ainsi aux enjeux climatiques en arrivant à un stade où les écologistes « traditionnels » n’auraient jamais réussi à les emmener.
Depuis quelques années, JMJ attire aussi, m’apprend Jean-Noël Geist du Shift Project, des individus moins aisés qu’auparavant, moins libéraux, plus ruraux – des indépendants, fonctionnaires et employés plus modestes, ainsi que de nombreux chômeurs.
Aujourd’hui, on ne compte plus le nombre de personnes initialement peu convaincues par l’urgence climatique jusqu’à ce qu’elles entendent JMJ, et qui le justifient en indiquant que « son discours est différent, avec un prisme d’ingénieur, sans discours moralisateur ni pathos ». Le fait qu’il défende le nucléaire et soit sévère sur les énergies renouvelables est une force pour convaincre des individus dont les valeurs sont au départ (très) éloignées des sphères de l’écologie politique : c’est un point d’ancrage. Et même si une partie importante d’entre eux ne retiennent finalement que la critique des énergies renouvelables – qui n’est pourtant pas le cœur de son propos -, une autre fraction va plus loin, et pour certains, basculent totalement.
Ce type de phénomène est documenté. Dans un article sur la perception du changement climatique, The Guardian écrivait en 2017 : « La plupart des chercheurs en sciences sociales s’accordent à dire que les gens sont plus ouverts aux informations issues de personnes avec qui ils partagent des valeurs communes » : ces dernières sont en effet considérées comme « sources de confiance ».
L’article se focalisait sur un exemple intéressant : celui du travail de sensibilisation au climat effectué par la climatologue évangélique Katharine Hayhoe sur les étudiants évangéliques. Il citait une étude démontrant que cette approche des « sources de confiance » s’était révélée efficace pour sensibiliser et convaincre avec succès des individus initialement sceptiques sur les questions climatiques.
« D’autres climatologues peuvent suivre l’exemple réussi de Hayhoe en identifiant des groupes dont les membres sont majoritairement sceptiques sur le réchauffement climatique mais avec lesquels le scientifique partage un point commun personnel, qui fera de lui une source d’information fiable : croyances religieuses, tendances politiques ou autres valeurs partagées » écrivait The Guardian.
Le cas de JMJ correspond particulièrement bien ici, avec le nucléaire comme appât. Sous cette perspective, les acteurs de la lutte climatique, y compris ceux résolument opposés au nucléaire, devraient se réjouir de la popularité croissante de JMJ si leur objectif principal est bel et bien l’urgence climatique. Certes, sa popularité a redonné de la vigueur aux discours pro-nucléaire, auxquels s’opposent une large partie des écologistes ; mais il faut souligner que très peu d’organisations environnementales – associatives comme politiques – n’ont fait émerger de leurs rangs ces dernières années une figure aussi efficace que JMJ pour former et convaincre des pans entiers de citoyens aux enjeux climatiques.
Sur l’autre versant du spectre, il est ironique de constater qu’aujourd’hui JMJ, qui défend l’idée d’une décroissance du PIB, « a bien plus d’audience que les pro-nucléaires productivistes croyants à la croissance verte », comme l’écrit l’ingénieur Emmanuel Pont. L’industrie nucléaire, malgré son poids considérable, n’a jamais réussi à faire monter de personnalité aussi suivie que JMJ ; celui-ci lui est donc aujourd’hui bien utile – et ce malgré ses idées décroissantistes, à rebours de celles qui ont conduit à faire de la France le pays le plus nucléarisé au monde.
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–> Partie 3 : Le revers de la médaille
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Article de Clément Jeanneau